YURT (Le pensionnat)

Un film de Nehir Tuna
Scénario de Nehir Tuna
Avec Doğa Karakaş, Can Bartu Aslan, Ozan Çelik
Drame – 1h56 – Turquie

Sortie en salles le 3 avril 2024

L’histoire
Turquie, 1996. Ahmet, 14 ans, est dévasté lorsque sa famille l’envoie dans un pensionnat religieux (Yurt). Pour son père récemment converti, c’est un chemin vers la rédemption et la pureté. Pour lui, c’est un cauchemar. Le jour, il fréquente une école privée laïque et nationaliste ; le soir, il retrouve son dortoir surpeuplé, les longues heures d’études coraniques et les brimades. Mais grâce à son amitié avec un autre pensionnaire, Ahmet défie les règles strictes de ce système, qui ne vise qu’à embrigader la jeunesse.

3 bonnes raisons de voir ce film

1/ Avec son premier long-métrage, Nehir Tuna nous livre un impressionnant portrait d’adolescent en révolte et un envoutant récit d’apprentissage, en grande partie autobiographique.

A travers le quotidien tourmenté d’Ahmet tiraillé entre sa famille, son envie de liberté et l’endoctrinement religieux à l’œuvre dans son pensionnat, le réalisateur turc réussit sans manichéisme à dépeindre le malaise adolescent, notamment lorsque la frontière entre amour et amitié n’est pas clairement définie.  

Précisons que Nehir Tuna ancre son histoire dans le contexte d’une époque, pas si lointaine que ça (une trentaine d’années) lorsque l’opposition entre l’éducation laïque et religieuse était beaucoup plus marquée qu’aujourd’hui où le pouvoir religieux a gagné (et une forme d’endoctrinement aussi…).

2 / YURT est un premier long métrage qui impressionne par la puissance de son récit mais aussi et peut-être surtout par la maitrise formelle de sa mise en scène.

La composition des plans est éblouissante et avec la complicité de son excellent directeur de la photographie, le français Florent Herry, Nehir Tuna ose même un changement de cap radical aux 2/3 du film.
À la faveur d’une fugue d’Ahmet avec un autre pensionnaire de l’institution religieuse, le film passe avec subtilité d’un somptueux noir et blanc à la couleur. Une séquence, bouleversante, de délivrance et de révélation pour ses deux jeunes protagonistes dont l’audace de la mise en image n’est pas sans rappeler une séquence très marquante du film de Xavier Dolan, MOMMY.

Autant dire qu’il nous tarde de découvrir la suite de la carrière très prometteuse de Nehir Tuna. Ce premier film a d’ailleurs valu à son réalisateur un très mérité Prix de la mise en scène décerné par le jury d’Agnès Jaoui lors de la dernière édition du Festival International de Saint-Jean-de-Luz. YURT s’est également vu remettre lors du même festival le Prix SFCC de la critique.

3 / YURT ne se contente pas d’être un véritable choc esthétique, il est aussi l’occasion de découvrir Doğa Karakaş, un jeune comédien remarquable qui porte le film sur ses épaules, en lui apportant à la fois la fougue et la détermination de sa jeunesse mais aussi une forme de fragilité très touchante.

Rosalie, pudique et féministe
Rosalie, pudique et féministe

Si Rosalie semble un peu sage et classique dans sa forme, on est néanmoins touché par ce récit inspiré l’histoire vraie d’une femme à barbe dans la France du XIXe siècle. Un film transcendé par les belles interprétations de Nadia Tereszkiewicz et Benoît Magimel.

lire plus
Partagez
Tweetez
Enregistrer
Partagez