JEAN-MARC ET FRANÇOISE OU LA VIE CONJUGALE (2 films)

Drame psychologique – 1964 – 3h18 (blu ray) 3H10 (DVD) – France
Réalisation : André Cayatte
Scénario : André Cayatte, Maurice Aubergé, Louis Sapin
Distribution : Marie-José Nat, Jacques Charrier, Michel Subor, Macha Méril, Alfred Adam, Giani Esposito

Sorti en salles le 1er février 1964

Disponible en digipack 2 Blu ray ou 2 DVD (éditions limitées à 2000 exemplaires), le 28 juin 2023 – Pathé  
16/9 – 2.35 :1 – Français mono 2.0 – Audiodescription en français – Sous-titres anglais.

L’histoire
Quels sont les grands moments qui marquent la vie d’un couple ? Mais surtout, sont-ils vécus de la même manière ? Chacun leur tour, de façon personnelle, Françoise et Jean-Marc racontent les grands événements qui ont marqué leur union et leur rupture : la rencontre, les études, le mariage, la naissance de leur enfant, le déménagement en province, la jalousie, les doutes…

Les films ***
Assez tièdement accueilli lors de sa sortie en salles en 1964, ce diptyque d’André Cayatte sur la vie de couple est à re(découvrir) aujourd’hui au regard des évolutions de notre société.

En effet, LA VIE CONJUGALE peut se voir comme un témoignage édifiant sur une époque avec tous les clichés inhérents autour de la place des femmes et celle des hommes.
Ces années 60 au cours desquelles les femmes tentent de s’émanciper, notamment par le travail. Reste que cette double vision du couple aurait sans doute été encore plus pertinente si son écriture avait été équilibré. Or, là, ce sont trois scénaristes hommes qui nous proposent leur regard, forcément un peu biaisé sur le couple Françoise (Marie-José Nat) & Jean-Marc (Jacques Charrier).
Force est de reconnaitre que le portrait de Françoise se révèle parfois à charge, la jeune femme étant dépeinte comme indépendante, ambitieuse, légère et vénale (visiblement elle gagne son argent très facilement), même si le film pointe aussi fortement la puissante domination patriarcale de l’époque.
Les deux films qui restent néanmoins assez passionnants, peuvent se regarder dans n’importe quel ordre mais il est troublant de voir à quel point la découverte du second volet donne envie de revoir le premier afin d’en saisir toutes les nuances.
On peut ainsi rapprocher cet exercice de style, de la remarquable trilogie réalisée en 2003 par Lucas Belvaux (CAVALE, APRÈS LA VIE, UN COUPLE ÉPATANT), même si les deux films d’André Cayatte ne possèdent pas l’habileté et la puissance narrative des films du cinéaste belge.
L’intention initiale du réalisateur (basée sur ses souvenirs d’avocat) était de démontrer combien les points de vue d’époux en instance de divorce sur des moments communs pouvaient être différents. Un choix artistique original, même s’il est parfois maladroit ou parfois déséquilibré dans sa double mise en image.

Au final, LA VIE CONJUGALE montre combien ses deux protagonistes se sont laissé enfermer, à leur corps défendant, dans des rôles prédéfinis. Une situation qui va finir par avoir raison de leur couple, et on ne divulgue rien en disant ça ! Ces deux films font aussi la preuve de la subjectivité absolue de la mémoire et sur la manière dont chacun peut être amené à la pervertir. Tout est question d’interprétation, pour les protagonistes, les comédiens mais aussi les spectateurs…
Pour cela aussi, cette singulière expérience cinématographique mérite largement le détour.  

Bonus ****
Sur JEAN-MARC OU LA VIE CONJUGALE : 19 scènes étendues (38mn)

Sur FRANÇOISE OU LA VIE CONJUGALE : Les vertiges de l’identité : Entretiens des films par Roland-Jean Charna avec Geneviève Sellier (historienne du cinéma français), Ginette Vincendeau (historienne du cinéma français), Noël Herpe (écrivain, cinéaste, critique de cinéma et historien du cinéma français), Jean-Fabrice Janaudy (directeur de la société de distribution les Acacias et du cinéma Le Vincennes) (2023 – 56mn)

LES VERTIGES DE L’IDENDITÉ, présenté en complément du volet FRANÇOISE est constitué de passionnant entretiens entre Roland-Jean Charna avec des interlocuteurs très concernés par le cinéma d’André Cayatte et/ou par l’époque décrite dans le film.
Ce bonus conséquent de près d’une heure aborde, entre autres, la genèse du film, sa place dans la carrière d’André Cayatte, les difficultés d’écriture rencontrées par le réalisateur et les nombreux thèmes du film comme le basculement d’époque, les différentes visions des personnages, l’émancipation des femmes, le patriarcat et ses dérives, sans oublier quelques anecdotes amusantes autour de la sortie du film en salles, comme l’idée des comédiens de faire éditer une pièce de monnaie « Françoise/Pile, Jean-Marc/Face, afin d’aider les spectateurs hésitants sur l’ordre de visionnage du film.   

Le second bonus proposé avec le volet JEAN-MARC est un bout à bout consistant d’une vingtaine de scènes (en version longues) non restaurées mais qui apportent, pour certaines d’entre elles, un éclairage différent sur l’histoire de cette VIE CONJUGALE.

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